
En pleine cinquième vague et des gouvernements qui imposent les masques jetables pour éviter le pire, il semble de plus en plus évident que nous vivrons probablement avec cette nouvelle réalité; quels impacts environnementaux cela implique-t-il? En Gaspésie, une entreprise nous propose une solution efficace, écologique et basée sur la science. Mais auparavant, qu’en est-il de ce fardeau pollueur dont on ne parle presque pas et que peuvent faire nos élus?
Tout d’abord, un masque jetable ne doit pas être utilisé plus de 3 ou 4 heures, car passé ce délai il est saturé d’humidité, il perd alors en efficacité et en respirabilité. Il a donc une durée de vie limitée due principalement à la vapeur d’eau que nous exhalons lorsque nous respirons. Ces masques que nous avons tous désormais à la maison, au travail ou dans les écoles, sont composés d’un morceau de textile 100% polypropylène, de deux élastiques et d’une barre métallique dans leur partie supérieure; ils sont destinés à un usage unique, et sont donc une source importante de déchets. Pour fabriquer la partie centrale des masques les plus répandus, il faut des matières premières et le textile non tissé utilisé dans nos masques est produit à partir de granulés de polymère qu’on fait fondre dans des usines situées principalement en Chine, à Taïwan ou en Corée du Sud. Mais avant d’arriver dans ces usines par la route ou par bateau, ces polymères ont eux-mêmes été fabriqués à partir de pétrole, extrait du sol et acheminé dans des raffineries pour y être distillé et transformé. Pour résumer, la fabrication de ces morceaux de textile qu’on retrouve aujourd’hui sur la plupart des visages dans le monde résulte d’un processus complexe assuré par l’industrie pétrolière et l’industrie chimique. De plus, une fois les masques fabriqués, il faut les distribuer. Leur acheminement vers la plupart des pays dans le monde, était auparavant assuré principalement par bateau, mais la pandémie a forcé les entreprises à accélérer la cadence et à les exporter par avion, ce qui est encore plus néfaste pour l’environnement.
Après utilisation, il est recommandé de jeter immédiatement le masque dans une poubelle fermée. Cependant, les masques jetés trop souvent par terre constituent une nouvelle forme de pollution préoccupante, car le polypropylène dont ils sont composés, mettrait environ 450 ans à se dégrader dans la nature. Depuis quelque temps, ces mêmes masques sont partout sur les trottoirs, dans les parcs, sur les routes et dans les cours d’eau; et comme ils sont légers par nature et lorsqu’ils sont mal disposés, ils peuvent trouver leur chemin vers l’océan, ce qui en fait donc une nouvelle forme de pollution particulièrement nuisible. Non seulement les petits animaux peuvent s’emmêler dans l’élastique des masques, ils peuvent également être confondus avec de la nourriture et mangés par les animaux. De plus, ces plastiques qui ne sont pas biodégradables et qui peuvent perdurer dans l’environnement, se décomposent en petits morceaux au fil du temps selon l’AFP. En effet, ils se détériorent d’abord en microplastiques et finalement en nanoplastiques encore plus petits. Ces minuscules particules et fibres sont souvent des polymères à longue durée de vie, qui peuvent s’accumuler dans les chaînes alimentaires (bioaccumulation) et avoir des impacts sur des écosystèmes entiers. Un seul masque facial jetable peut libérer plus de 1,5 million de microparticules de plastique dans l’eau après avoir été altéré pendant plusieurs heures par des rayons UV, révèle une récente étude menée par des chercheurs de l’Université Concordia. Altéré par le sable, le nombre de microparticules libérées augmentait encore, pouvant atteindre jusqu’à 16 millions pour un seul masque (Lejtenyi, 2021). Selon l’organisation environnementale OceansAsia, plus de 1,5 milliard de masques se sont retrouvés dans les océans l’an dernier, soit 6200 tonnes de déchets plastiques supplémentaires. On parle en tout de plus de 129 milliards de ces masques de procédure médicale à usage unique qui finissent dans l’environnement chaque mois (Lejtenyi, 2021). Depuis le début de la pandémie, environ 3000 milliards d’entre eux ont été consommés, assez pour faire 14 000 fois le tour de la Terre, et presque deux fois l’aller-retour au Soleil (Frëtt, 2022).
Évidemment, un meilleur choix pour la planète est d’utiliser des masques réutilisables en comparaison de ceux jetables, qui sont faits de matière plastique et dont la production et le transport émettent des gaz à effet de serre (GES). En effet, comme l’énergie qui sert à la fabrication des masques jetables provient bien souvent de combustibles fossiles, ceci génère beaucoup de gaz à effet de serre, tout comme leur transport jusqu’aux étagères de nos magasins. Au Québec, les masques jetables généreraient 16 000 tonnes de déchets annuellement, en utilisant des couvre-visages lavables à la machine, cette montagne de déchets se trouvait réduite de 95 %. Les masques jetables sont recyclables, mais il ne faut pas les jeter au bac vert. Pour l’instant, il semblerait être compliqué de les recycler car ils contiennent trop de matériaux différents et ils ne font pas partie des matières que collectent les municipalités. Certaines entreprises le proposent, mais même si ils sont recyclés, leur transport sur de grandes distances peut en annuler les bénéfices.
L’efficacité contre la propagation du virus est le principal frein contre l’utilisation des masques réutilisable. Pourtant en Gaspésie une entreprise nous offre la solution parfaite. Frëtt Solutions qui est la division Recherche et Développement de Frëtt Design, une entreprise établie depuis 25 ans à Caplan, nous offre des masques réutilisables sous la marque etrëma, aussi efficaces que les jetables, mais respectueux de l’environnement. Ceux-ci sont régis par des normes, ils sont testés en laboratoire et il est donc possible d’affirmer, résultats scientifiques à l’appui (Frëtt, Design 2022), qu’un seul masque etrëma remplace 200 masques jetables, soit 100 jours à 8 heures/jour contre 4 heures d’utilisation pour un masque jetable; économisant 97,3 % d’utilisation de matériaux, de gestion et de transport. C’est un produit dont l’absence de traitement ou d’additifs toxiques permet une filtration naturelle optimale par les fibres uniquement, sûre, durable et éprouvée après plus de 100 lavages. Pourquoi jeter notre masque dans une poubelle quand on peut le jeter dans un bac de lessive? Non seulement il est confortable, mais surtout il est recyclable à 100 %, ce qui en fait un masque zéro déchet.
Un problème se pose pourtant, bien que Frëtt veuille inciter les acquéreurs et les élus à favoriser des circuits d’approvisionnement locaux, et que les municipalités veulent réduire les rejets dans les lieux d’enfouissements, les dédales administratifs et la volonté politique de régler ce problème sembles insurmontable pour l’instant. En effet, Frëtt doit se tourner vers les marchés étrangers pour distribuer son produit réutilisable, pourtant aussi efficace que le fameux N95, en plus d’être entièrement fabriqué ici au Québec. Il se vend présentement à 90% sur les marchés extérieurs, principalement aux États-Unis. Ce n’est pourtant pas faute d’avoir tout essayé pour pouvoir le distribuer chez nous. Il y a plus d’un an, le Bureau de normalisation du Québec (BNQ) s’est doté, à la demande de la CNESST, de sa propre attestation (BNQ 1922-900*) pour cette nouvelle réalité de protection individuelle. Mais selon Frëtt, au lieu d’adhérer aux normes internationales qui sont constamment mises à jour selon l’évolution des connaissances, et bien qu’à maintes reprises ils aient soulevé ces faits, le Québec fait bande à part et ne met pas à jour sa règlementation. L’entreprise travaille présentement à finaliser une demande d’homologation auprès de Santé Canada ainsi qu’avec un organisme notifié en Europe pour sa classification. Pour l’instant, on parle très peu de l’impact de la façon dont le gouvernement a choisi de gérer cette crise en imposant des masques à usage unique dans les écoles et les milieux de travail, mais gageons que ça ne tardera pas. Il serait intéressant, voir primordial, que les élus de la Gaspésie et des îles s’impliquent et mettent de l’avant cette initiative innovante auprès des décideurs.
Liens pour en savoir plus sur Frëtt :
Références :
- Agence France Presse, Radio-Canada, 21 janvier 2021, Des macaques aux crabes, les animaux mis en danger par les masques usagés | Coronavirus | Radio-Canada.ca
- Courrier International, 18 juin 2020, Quel est le cycle de vie d’un masque, de sa fabrication à son élimination ? (courrierinternational.com)
- Diotte, Simon, Un Point Cinq, 4 novembre 2020, Masque: se protéger de la COVID-19 sans réchauffer l’atmosphère (unpointcinq.ca)
- Frëtt Design, https://solutions.frettdesign.ca/fr/
- Karghoo, Christophe, 5-Plus-Dimanche, Masques et gants jetables : la nouvelle menace écologique ! | 5-Plus Dimanche (5plus.mu)
- La Presse Canadienne, Radio-Canada, 10 octobre 2021, Les masques jetables peuvent libérer des millions de microplastiques | Radio-Canada.ca
- Lejtenyi, Patrick, Actualité, Université de Concordia, 6 octobre 2021, https://www.concordia.ca/fr/actualites/nouvelles/2021/10/06/davantage-de-microplastiques-provenant-des-masques-jetables-aboutissent-dans-locean-indique-une-nouvelle-etude-de-concordia.html